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l'ersatz-intel legence ( e-intelligency or etellgency ) trouve là un champ d'application bien plus utile que l
Par zelectron, le 11.06.2021
avant que de s'occuper de la 5g . . . . que deviennent les réseaux 4g non finis, l'adsl non déployé, la fibre
Par zelectron, le 03.01.2021
ce document d'une très grande richesse mérite de s'y remettre à 2 fois (peut-être 3) pour absorber les informa
Par zelectron, le 17.10.2020
il manque le troisième volet (qu'il plaise ou non) du transhumanisme . . . . http://zelectr on.centerblog. net
Par zelectron, le 20.09.2020
quel retard français ! pour l'instant ce sont des vœux et des yaka-ifofon-ir espuka mais les avancée stratégiq
Par zelectron, le 20.09.2020
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Date de création : 30.08.2013
Dernière mise à jour :
22.07.2021
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La France ne forme pas suffisamment d'informaticiens, de statisticiens, de mathématiciens, de spécialistes en sciences des données pour faire face à l'offre d'emplois dans ce secteur à l'horizon 2020. C'est en substance le message d'alerte formulé dans l'excellent rapport publié le 21 avril 2016 par l'Inspection Générale de l’Éducation Nationale (IGEN), l'Inspection Générale de l'Administration de l’Éducation Nationale et de la Recherche (IGAENR), l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et le Conseil Général de l’Économie, de l'Industrie, de l’Énergie et des technologies (CGEIET). En une centaine de pages, tout est dit ou presque sur notre incapacité chronique à calibrer l'offre de formations supérieures dans le domaine du numérique. Particulièrement bien construit, ce rapport intitulé « Les besoins et l'offre de formation aux métiers du numérique » a été rédigé par un groupe de travail réunissant sept experts : François SCHECHTER(Inspection générale des affaires sociales),Claude BERGMANN et Christine GAUBERT-MACONT(Inspection générale de l’éducation nationale),Ariane AZÉMA et Philippe CHRISTMANN(Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche),Mario CASTELLAZZI et Didier LAVAL(Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies). Il a été remis au Ministre de l’éducation nationale, au Ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social et au Ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique.Différentes études commandées par l'Union Européenne (en particulier E-skills 2013) prévoient que 900 000 emplois pourraient rester vacants dans le numérique en 2020 si l'offre de formation n'est pas mise à niveau d'ici là. Selon l'étude E-Skills, la pénurie de compétences concernera l'ensemble des secteurs d'activité (production industrielle, services, transports, énergie,...) et impactera 10 % des emplois.
Le rapport de l'IGEN commence par constater l'absence de classification des métiers du numérique et propose de retenir les trois catégories suivantes : les métiers au cœur du numérique, les métiers nouveaux ou profondément transformés par le numérique et les métiers où le numérique est un support à l'activité. Les experts du groupe de travail précisent que les données chiffrées actuelles ne reflètent que très partiellement l'ampleur de la révolution numérique et qu'il est nécessaire de se doter de moyens statistiques à la hauteur des enjeux pour suivre ce secteur stratégique.
La seconde partie du rapport offre une approche quantitative des besoins et cherche avant tout à valider l'hypothèse de pénurie à l'horizon 2020 formulée par les études européennes. C'est effectivement la question pertinente à traiter en priorité : partons-nous sur des chiffres réalistes ? L'étude commence par évoquer les estimations de la commission européenne et les chiffres issus du rapport E-skills 2013 qui confirment une vacance de poste élevée et ciblée à l'horizon 2020. Elle montre ensuite qu'il est difficile d'évaluer le volume des besoins à partir des seuls travaux statistiques nationaux disponibles et que les entreprises restent avant tout mobilisées sur des tensions à court terme de recrutement (manque de visibilité dans le cadre français, ce qui n'est pas étonnant compte-tenu du contexte national). L'accent est mis sur les difficultés actuelles pour les entreprises de recruter les bonnes compétences dans les domaines informatiques et numériques et sur les différents paradoxes liés aux besoins en développeurs, qui compliquent la tâche des recruteurs. Le secteur public, quant à lui, confirme ses besoins spécifiques en terme de recrutement mais qui restent aujourd'hui faiblement quantifiés. Le rapport enfin insiste sur la nécessité de construire une prospective plus précise et plus vaste que ce que les statistiques nationales nous fournissent actuellement afin d'éviter de ne produire qu'un simple « pari sur l'avenir ».
La troisième partie du rapport réalise une approche qualitative des besoins qui reposent principalement sur les technologies SMACS. L'acronyme SMACS (pour Social, Mobilité, Analytics, Cloud, Sécurité) a été proposé par Gartner en 2012 pour décrire la convergence de technologies prioritaires qui font émerger de nouveaux métiers. Les experts dressent la liste des domaines du numérique pour lesquelles la pénurie de compétences est déjà perceptible. On y retrouve les métiers du développement, les métiers des réseaux sociaux, les métiers des télécommunications impactés par la mobilité et les solutions cloud, les métiers de l 'analyse des données (Data scientist), les métiers de la cybersécurité. On notera que la pénurie de compétence en sciences des données et en cybersécurité fait l'objet de nombreuses alertes depuis 2012 et que les nouvelles formations dans ces deux domaines stratégiques sont encore trop rares à ce jour...
Les besoins pour accompagner la transformation numérique de la société et des organisations font l'objet d'un inventaire assez précis. Selon les auteurs du rapport, il est important de développer des compétences transversales pour les métiers du numérique, de former des managers qui agiront au cœur de la transformation numérique, des juristes capables maitrisant un droit en constante évolution et des médiateurs pour accompagner la mutation des services publics. Les besoins listés par le rapport demeurent multiformes et pluri-compétences.
La quatrième partie du rapport s'intéresse à l'offre de formation initiale d'abord dans l'enseignement supérieur en fournissant une estimation quantitative du nombre annuel de diplômés selon deux méthodes d'évaluation distinctes. Le rapport totalise ainsi 43294 diplomés des établissements publics sous tutelle MEN en 2014 en comptant les BTS,DUT, Licences, Masters et Doctorats dans les secteurs du numérique. On notera que ce chiffre ne correspond pas au nombre de diplomés entrant sur le marché du travail en raison du fort taux de poursuite d'études en DUT (plus de 80 % en DUT informatique) et BTS. Le rapport présente l'offre de formations dans le supérieur en évolution, soutenue par une réelle attractivité mais qui doit monter en puissance pour faire face à la demande actuelle. Il se penche ensuite sur l'offre de formation en informatique de l'enseignement secondaire. Celle-ci a débuté avec le Bac H (informatique) créé en 1969, rénové en 1981 puis supprimé en 1993 avec l'ouverture des séries STT. L'enseignement de spécialité ISN concernait 17 313 élèves de terminale à la rentrée 2014, soit 9,7 % des élèves de terminale S. Le bac pro systèmes électroniques, numériques, télécommunication et réseaux réunissait 7350 élèves en 2014, le bac STI2D comptait 29212 élèves à la rentrée 2014 et 66 304 élèves de terminale dans la série STMG. L'apprentissage de la programmation dans le nouveau collège fait également partie des réformes en cours. Les auteurs du rapport déplorent le manque de formation à l'informatique des professeurs du secondaire et réaffirment l'importance de ce cycle comme clé du développement attendu dans l'enseignement supérieur. Ils poursuivent l'étude par une comparaison européenne et internationale sur l'enseignement du numérique en constatant une situation générale de transition, une offre d'enseignement supérieur plaçant la France en tête des pays européens mais en retrait en matière d'offre d'enseignement secondaire (ce qui ne constitue pas une surprise pour les observateurs du secteur).
La cinquième partie du rapport concerne l'adaptation des dispositifs de la formation professionnelle et continue à l'évolution de la demande dans les métiers du numérique. Elle insiste d'abord sur la nécessaire identification des métiers et des flux en formation continue dans le secteur numérique et déplore sa non réalisation. Elle souligne la mauvaise articulation des travaux prospectifs nationaux des branches et régionaux mais estime que le compte personnel formation constitue une opportunité pour progresser dans la bonne direction et que les données doivent être mises en cohérence pour améliorer et adapter l'offre de formation continue du secteur numérique.
La sixième partie du rapport est consacré à la parité dans les métiers du numérique. Les auteurs constatent le fort déséquilibre des sexes dans le secteur numérique avec des métiers informatiques peu ouverts aux femmes. Ils s'interrogent ensuite sur le manque d'attractivité auprès des jeunes filles des formations à dominante informatique puis préconisent d'agir en amont et de façon ciblée pour attirer d'avantage de filles dans ce secteur d'avenir.
La rapport propose en conclusion une synthèse des constats, reproduite ci-dessous :
- Une révolution numérique impactant fortement les compétences et nécessitant des
compétences transversales dans de multiples secteurs économiques.
- Des besoins d’emplois et de qualifications difficilement quantifiables, d’une part en raison de la structure relativement figée, et donc mal adaptée aux métiers émergents, propre aux différents systèmes de nomenclature, qu’il s’agisse des nomenclatures métiers ou des nomenclatures diplômes et formations, et d’autre part compte tenu des effets contrastés de la révolution numérique selon les types d’emplois et les secteurs économiques, avec en définitive une incertitude sur le volume nécessaire de diplômés dans les dix ans à venir. En effet la mission souscrit aux dynamiques projetées par l’étude européenne Empirica sans pour autant être en mesure de confirmer ou d’infirmer les chiffres détaillés.
- Des études et des travaux prospectifs inégalement développés selon les secteurs professionnels ; des entreprises avec de fortes attentes mais limitées au court terme.
- Un appareil de formation initiale en évolution mais qui ne pourra pas répondre dans un cadre inchangé à des besoins massifs si ceux-ci se confirmaient dans les prochaines années ; un appareil de formation continue beaucoup plus hétérogène et plus contraint compte tenu des désajustements structurels entre les publics concernés, le niveau de qualification attendu et les stratégies des entreprises.
Puis, viennnet les 7 recommandations du rapport (extraits sigificatifs reproduits ci-dessous)
Recommandation n° 1: établir et fiabiliser les données sur les besoins d’emplois et les offres de formation.
Recommandation n° 2 : créer un dispositif interministériel d’intervention.
Recommandation n° 3: augmenter le flux de diplômés de l’enseignement supérieur dans le domaine du numérique.
Ce développement des sciences du numérique est à considérer au sens large et comprend :– le développement des formations et des flux à bac + 5 dans les mentions informatique, mathématiques et informatique, mathématiques et informatique appliquées aux sciences sociales, information et communication ;– mais aussi les parcours dédiés au numérique dans un plus grand nombre d’autres mentions ; – ou encore le développement de mentions à double compétence.
Recommandation n°4 : développer dans le second degré le vivier des élèves formés au numérique pour organiser un continuum bac-3/bac+3 en sciences du numérique.
– la création d’un baccalauréat « sciences du numérique », proposition faite par le CNNum. Un tel baccalauréat pourrait croiser informatique, télécommunications et humanités numériques et être fondé sur une pédagogie active et orientée projet, à l’instar de ce qui est aujourd’hui développé pour les séries technologiques. Mais cette solution pose le problème de son positionnement par rapport aux autres séries avec le risque que ne soient pas attirés vers cette série des élèves dont le parcours dans l’enseignement supérieur sera cohérent avec le bac qu’ils auront passé et elle ne résout pas le défi de formation de toute une génération.
– la création d’un enseignement « numérique » portant à la fois sur les sciences du numérique (informatique, télécommunications et humanités numériques) et leurs usages économiques et sociaux. Cet enseignement serait obligatoire, le cas échéant dès la classe de seconde, au même titre qu’une deuxième langue, pour acquérir des compétences qui seraientcommunes à tous les baccalauréats. L’intérêt de cette approche tient à ce qu’elle conduit à définir tous les acquis nécessaires de tout.e lycéen.ne en sciences du numérique, quelles que soient les voies et séries de préparation au baccalauréat envisagées dans le cadre de la réforme du lycée. Mais cette solution conduit à faire évoluer l’ensemble des grilles horaires et conduit à mettre en place une politique
ambitieuse de certification d’enseignants.
Recommandation n° 5 : faire évoluer la politique de recrutement et de formation d’enseignants en sciences du numérique dans l’enseignement supérieur comme dans le second degré.
L’attractivité du métier d’enseignant dans ce champ se heurte aux opportunités de carrière et de rémunération offertes dans les métiers du numérique, et un niveau de rémunération différencié par rapport à d’autres disciplines pour les enseignants qui n’est pas envisageable. L’hypothèse d’une série dédiée comme celle de la généralisation de l’introduction d’éléments de formation aux sciences du numérique dans les différentes voies et séries de préparation au baccalauréat, ou encore les besoins d’encadrement dans le premier cycle universitaire, imposent de répondre aux besoins de disposer d’enseignants formés aux sciences du numérique.
Plusieurs pistes sont à explorer :
– la création d’un CAPES, CAPET et d’une agrégation en sciences numériques, à l’instar des recommandations faites par l’Académie des sciences. Ces concours de recrutement seraient peut-être susceptibles de recruter des enseignant.e.s dans le domaine du numérique (représentation de l’information, algorithmique et programmation, architecture des systèmes informatiques ou encore droit de l’internet) avec une possibilité de différencier les profils (sciences de l’ingénieur, ingénierie des systèmes d’information – informatique de gestion –, informatique théorique, humanités numériques). Étant donné les difficultés de recrutement dans cette spécialité, il serait peut-être opportun de mettre en place un dispositif de pré-recrutement à partir de la première année de licence (à l’instar des instituts de préparation à l'enseignement secondaire créés en 1957 et supprimés en 1979) et ainsi augmenter peut-être le nombre de candidatures aux concours de recrutement. En outre la création d’une agrégation en sciences numériques pourrait offrir aussi l’avantage de disposer – dans un volume nécessairement limité compte tenu des besoins de l’enseignement secondaire et des nécessaires liens entre enseignement et recherche propres aux formations supérieures de professeurs de l’enseignement du second degré (PRAG et PRCE) dont ne dispose pas aujourd’hui le secteur de l’informatique à la différence de la plupart des autres départements disciplinaires. Mais cette hypothèse a l’inconvénient majeur de créer une discipline supplémentaire au moment où offrir aux élèves un enseignement qui ne soit plus seulement organisé en disciplines est une préoccupation du système scolaire. Cette hypothèse est donc problématique pour les inspections générales.
– la formation à grande échelle d’enseignants dans le domaine des sciences du numérique avec délivrance d’une certification à enseigner dans ce champ disciplinaire. Cette hypothèse a l’avantage de s’appuyer sur des ressources enseignantes pédagogiquement expérimentées mais elle a un inconvénient : nécessiter un effort de formation conséquent (du même ordre que celui mis en place lors du plan Informatique pour tous).Par contre, cette deuxième piste offre l’intérêt majeur d’associer l’ensemble des disciplines d’enseignement secondaire à la connaissance et à la diffusion d’un langage et d’outils numériques indispensables dans tous les domaines de la vie sociale.
Recommandation n° 6 : favoriser l’agilité dans la définition de l’offre de formation.
Les dispositifs de la formation continue doivent être mieux mobilisés pour réduire les tensions actuelles dans certains métiers et permettre d’ajuster, dans une évolution commandée par la demande, les compétences des candidats aux caractéristiques des emplois à pourvoir.
Recommandation n° 7 : mobiliser en priorité les dispositifs de formation continue en faveur des demandeurs d’emploi du secteur numérique.
Pour conclure...
A la lecture de ce rapport, on comprend vite que les mesures préconisées ne seront pas simples à mettre en place compte-tenu des rigidités du mamouth éducatif français. On doit aussi féliciter les auteurs pour avoir dressé un état des lieux très rigoureux puis mis en lumière les manques et les retards du système de formation au numérique. Tout est dit ou presque dans ce rapport et c'est une excellente nouvelle. Il faut souhaiter maintenant que les trois Ministres qui en ont fait lecture en tiennent compte et mettent en œuvre au plus vite les mesures préconisées.
Liens
Rapport de l'IGEN « Les besoins et l'offre de formation aux métiers du numérique » :
Conférence UE E-skills 2013 et 2014 :
http://eskills2013.eu/conference/documents/
http://eskills2013.eu/fileadmin/monitor2013/documents/Country_Reports/Country_Report_France.pdf
Rapport France Stratégie DARES – les métiers en 2022 :
http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs_rapport_metiers_en_2022_27042015_final.pdf